III- Avant l'AEMO et digression sur la "compétence"

Donc, nous en étions où? L'AEMO c'est quoi ce truc? On envoie des travailleurs Sociaux (dire T.S. c'est mieux), faire un truc fou, en gros "faire cesser un danger" (si! quoique l'on raconte c'est quand même ça la mission de départ que fixe la société, enfin, ça s'était "avant"  vers 1958, y'avait des dinosaures et la sécurité sociale).

Concrètement le juge des enfants, trouve qu'il y a un truc qui ne colle pas rond (tout ceux qui ont  pointé cette phrase en disant "ça ne se dit pas" repartent à la case "je fais instit"). Ce juge est tout seul dans son cabinet, il dit aux gens "c'est pas bien, faut que ça change".

Et là... il a besoin de quelqu'un qui aille "là bas" et qui regarde si ça change, voir même qui "pousse" à ce que ça change. C'est là que commence le boulot, les illusions, les déceptions, les crises et les "merci... on ne pensait pas au début que l'on pouvait arriver à ça".

Mais attention, il ne faut pas oublier qu'avant d'être arrivé au bureau du juge, il y a eu touuuuuuus les autres intervenants sociaux  qui ont essayé de faire que ça aille mieux, eux aussi avec leurs petits bras, leurs certitudes, leurs doutes, leur professionnalisme et leurs incompétences

Petite digression sur les "incompétences": ha oui, il y a le fantasme du travailleur socio-éducatif compétent en tout, c'est beau l'absurde absolue quand c' est à porté de main. Ouiiii tout intervenant est incompétent, pas pour tout mais dans d'innombrables zones d'intervention. Personne n'est là pour répondre à tout : animateur, ce n'est pas pareil qu'instit, qu'assistant social, qu' éduc de prêv', que parent, ou que directeur de musée. Pourtant tout le monde à une place dans l'éducation. En plus dans chacun de ces domaines nous avons des facilités personnelles particulières avec certains publics, avec certaines problématiques (les ados en crise, ou les bébé chez leur grands parents?). Ce qui nous donne des "COM-PE-TENCES", si vous l'êtes dans un domaine vous ne pouvez pas l'être partout, donc la contrepartie c'est d'avoir des "incompétences".

Mais le complexe de base d'une certaine génération, c'était de dire  "ça dépend, on ne peut pas généraliser", donc, surtout, "on ne peut pas se définir". Devoir assumer de dire: là on ne sait pas faire/ là on sait faire, (donc maintenant on doit être bon). C'était vécu comme un carcan. Mais à force on utilise mal ce que l'un ou l'autre TS sait bien faire et par contre on passe son temps à repérer que dans tel domaine "il faut s'améliorer". (Il suffit de voir les systèmes d'évaluation des grosses boites et des administrations, c'est la chasse à te faire faire une formation pour t'améliorer, JAMAIS une proposition pour utiliser les compétences identifiées des collègues). Ah oui, et avec le public les mêmes institutions croient fonctionner différemment? C'est un type de rapport quelque soit l'interlocuteur. Ben si! Comment voulez vous que l'institution ne soit pas à chercher le problème plutôt que la compétence.

Ca y 'est j'arrive à la fin de la page et je n'ai encore rien dit sur L'AEMO... Donc y'a l'educ/As il va tout seul voir les gens. Il va même chez eux! Hou là. Et quand les gens lui offrent un café, des fois même il accepte. Et puis il parle. Là il faut quand même différencier quand l'éduc s'écoute (à qui ça n'est pas arrivé?), et quand il parle vraiment avec des gens. Dans un cas ça fait du bien à court terme (à soi), dans l'autre ça sera plus long, mais ça peut faire du bien aussi aux gens. Oulà c'est que je deviendrais un peu grognon, faut que j'arrange ça!

Donc à retenir... les travailleurs sociaux, nous sommes tous des incompétents extrêmement performant .